Sep 19 2019 - Sep 19 2019

L’arrivée des Hospitalières

Qui sont les Hospitalières?

Fondée en 1636 à La Flèche (France) par Jérôme Le Royer de la Dauversière (1597-1659) et Marie de la Ferre (1589-1652), la communauté des Hospitalières de Saint-Joseph, non cloitrée à l’origine, a pour vocation le soin des malades.
Les réformes religieuses du début du XVIIe siècle en France, directement reliées au Concile de Trente qui siégea entre 1545 et 1563, correspondent à une période d’intense ferveur spirituelle au sein de la société française, et ont entrainé un foisonnement de vocations et de nouvelles fondations d’ordres religieux. La majorité des ordres féminins s’orientent vers la vie active : enseignement, accueil des filles-mères ou des enfants abandonnés, soin des malades, etc. On les appelle des filles séculières. Si, traditionnellement, le service hospitalier était confié aux religieuses, la variété et l’ampleur de ces récentes vocations ouvrent aux femmes des voies nouvelles dans la société.
C’est dans ce contexte que Jérôme Le Royer de la Dauversière, membre fondateur de la Société de Notre-Dame de Montréal dont le but est d’édifier une colonie sur l’île de Montréal, souhaite fonder une communauté de filles séculières dédiées aux soins hospitaliers. Leur but serait de s’occuper des pauvres et des malades à l’Hôtel-Dieu de La Flèche, alors en très mauvais état. Il fait la connaissance de Marie de la Ferre, une dévote issue d’une noble famille et à la recherche d’une nouvelle expérience spirituelle. « Mademoiselle, lui dit-il, Dieu veut se servir de nous pour l’établissement d’une nouvelle communauté ». C’est ainsi que le 18 mai 1636, Marie de la Ferre et son amie Anne Foureau rejoignent les trois servantes déjà au service des pauvres de l’Hôtel-Dieu. La communauté des Filles Hospitalières de Saint-Joseph est reconnue officiellement en 1643 et Marie de la Ferre en devient la première supérieure.
   
Jérôme Le Royer, sieur de la Dauversière
(Sœur Adèle-Joséphine Grosjean, France, 1837, Huile sur toile, Collection des RHSJM, 1986.X.122)
Notre vénérable Mère Marie de la Ferre (Attribué à Sœur Adèle-Joséphine Grosjean,France, Vers 1860, Huile sur toile, Collection des RHSJM, 1986.X.115)
En 1659, Jeanne Mance, fondatrice et administratrice de l’Hôtel-Dieu de Ville-Marie, retourne en France à la suite d’une blessure au bras afin de recruter des Hospitalières de Saint-Joseph pour l’aider dans sa tâche à l’hôpital. Trois d’entre elles, déjà formées à la gestion d’un hôpital à Laval (France), accompagnent Jeanne Mance en Nouvelle-France: Judith Moreau de Brésoles, Catherine Macé et Marie Maillet. Ces femmes courageuses ont été les pionnières des soins et de la santé à Montréal.
Si la traversée fût périlleuse à cause d’une épidémie de typhus qui sévit à bord, l’arrivée à l’Hôtel-Dieu est tout aussi difficile pour les trois Hospitalières. « Voisy, mes cheres soeurs, une descriptions naïve de ce que c'etoit que les batimens, qui estois faits de colombages, c'est a dire motier pierre et motier bois. […] Au dessus des deux dites salles pour les hommes et pour les fammes estoit l'apartement de nos cheres sœurs. On y montêt par un petit escailliers de 20 marches, for estroit. Tout ce monastere consistèt en une chambre d'environ 15 pieds en carré dans laquelle il  avoit une cheminee a feu, une cellule pour la superieure au bout de la dite chambre, sur la largeur du batiment un petit dortoir composè de 4 petites cellule avec un petit cabinet […]. La chambre dont j'ay parlé si devant leur servèt de cuisine, de refectoir, d’infirmerie, de noviciat et de salle de communauté. » À leur arrivée, la construction de l’Hôtel-Dieu n’est pas terminée. De nombreuses fissures laissent entrer le froid et chaque matin, il faut pelleter la neige qui s’accumule à l’intérieur des chambres. Sans parler du manque de nourriture et des attaques iroquoises qui les obligent à se réfugier à l’intérieur de l’hôpital plusieurs fois par jour.
Judith Moreau de Brésoles, supérieure de la communauté de Ville-Marie, s’occupe de l’apothicairerie et de la préparation des remèdes, alors que Catherine Macé et Marie Maillet se partagent les autres tâches comme le ménage, la cuisine, la lingerie et les soins aux malades.
Lettres patentes du Roi Louis XIV pour l’établissement des Hospitalières de Saint-Joseph sur l’île de Montréal
(France, 1669, Peau, cire, fibre et encre, Archives des RHSJM, 1A2/5)
En 1662, après la mort de leur fondateur, les Filles Hospitalières de Saint-Joseph se voient imposer les vœux solennels et la clôture (en conservant cependant le droit de travailler à l’hôpital), devenant ainsi la communauté des religieuses Hospitalières de Saint-Joseph. En 1669, la congrégation des Hospitalières à Montréal est officiellement reconnue, et accueille en 1671 la première Hospitalière canadienne, Marie Morin. Après la mort de Jeanne Mance en 1673, les Hospitalières gèreront l’Hôtel-Dieu de 1677 à 1973.

Une arrivée attendue

Le dessin de Francis Back, exécuté d’après des recherches historiques, rend parfaitement l’ambiance qui régnait lors de l’arrivée des Hospitalières à Ville-Marie retranscrite ici par Marie Morin : « Tous les habitans de Ville Marie, qui n'estois au nombre que de 25 a 30 familles pour lors, acouroís a l'anvy voir les Filles de Saint Joseph qui estois venue de 1 300 [lieues] pour les consoler et servir malades. Chacun d'eux s'eforcèt de leur temoigner leurs gratitudes et de les complimanter […] ». On aperçoit l’Hôtel-Dieu à l’arrière-plan du dessin.
L’arrivée des Hospitalières de Saint-Joseph à Montréal le 20 octobre 1659 (Francis Back, Canada, 2009, Crayons et aquarelle sur papier, Collection des RHSJM, 2012.A.45)

Bibliographie

    • Histoire simple et véritable. Les annales de l’Hôtel-Dieu de Montréal, 1659-1725, Marie Morin, édition critique par Ghislaine Legendre, 1979.
 
Date
  • Sep 19 2019 - Sep 19 2019

Location
Curator
  • Paul Labonne